Une philosophie de l'être humain
On l'aura compris, non seulement nous ne faisons pas nôtre mais nous rejetons la conception officielle qui, partant de la certitude de la corrélation étroite entre l'étendue de la conscience chez l'homme et le développement de ses centres nerveux et l'apparente subordination de cette conscience au bon état du système nerveux et à son fonctionnement normal, conclut à l'impossibilité du maintien possible de l'intelligence humaine après altération des centres nerveux correspondants. Comme désormais nombre de scientifiques, nous pensons que l'évidence de pareille corrélation étroite entre l'étendue de la conscience et le développement des centres nerveux ne permet pas de déduire nécessairement la subordination de la conscience au bon état et au bon fonctionnement du système nerveux. Pour nous, il existe un principe fixe qui transcende cette matière organique incessamment renouvelée et qui lui sert de substratum ; et la permanence d'une même et inchangée personnalité le montre bien malgré les perpétuelles variations moléculaires que connaît régulièrement l'organisme, y compris dans le cerveau, les plus récentes recherches concluant au total renouvellement du corps humain en l'espace d'une quinzaine d'années.
Il va de soi qu'il ne s'agit nullement de nier l'importance du fonctionnement cérébral, mais juste d'assurer que tout dans le psychisme humain ne se réduit pas au fonctionnement du cerveau et qu'il y a bien autre chose que son fonctionnement et surtout en son absence. En effet, avec les progrès indéniables faits en psychologie et en neuropathologie, on ne peut plus ignorer les phénomènes psychiques inconscients et parmi eux ceux échappant à la volonté consciente qu'on classe dans la catégorie des automatismes psychologiques et dont le mécanisme scientifique reste inconnu et relève de la parfaite énigme physiologique. Or, appréhendés sans a priori, pareils phénomènes nous permettent de voir l'être humain sous un jour nouveau en tenant compte de cette activité psychique latente et en accordant l'importance qu'il faut à sa psychologie inconsciente.
Ils nous permettent surtout de réaliser que la maladie d'Alzheimer, au-delà de ses possibles causes physiologiques ou purement mentales, est aussi et surtout une rupture de l'équilibre et une décentralisation de cet agencement parfaitement orchestré d'éléments complémentaires ou antagonistes sous la direction supérieure et centralisatrice d'un moi conscient créant une harmonie qui débouche sur l'état maladif à la moindre disharmonie. En plus du moi, ces éléments sont le mental ou psychisme cérébral qui constitue avec lui une sorte de bloc supérieur de l'être humain et un dynamisme vital, l'organisme en tant que complexus organique constituant le bloc inférieur ou de base par quoi se manifeste la personne dans son identité et sa conscience apparentes et qui ne sont qu'une partie de la conscience et de l'identité totales.
Ainsi, l'oubli, principale caractéristique de la maladie, indéniablement définitif dans notre appréhension médicale actuelle, n'est jugé que relatif et momentané dans notre optique et notre façon de considérer l'Alzheimer, n'atteignant que la mémoire cérébrale et non la mémoire subconsciente, la mémoire propre du moi. Pour nous, l'oubli n'est donc qu'apparent et provisoire et il nous appartiendra de le faire lever grâce à une technique appropriée qui ne fera pas revenir la mémoire de la même façon qu'avant la maladie certes, puisque le véhicule physique pour ce faire est altéré, mais lui permettra de se manifester sous d'autres formes. Car il nous faut être convaincus que le passé, tout entier conservé dans la conscience supérieure, appartient à l'être dans son intégralité qui ne fait qu'en perdre l'accès et qui pourrait y être pleinement ou partiellement accessible même s'il n'est plus en mesure de pouvoir en user comme auparavant.
Pour être suffisamment clair à ce sujet, on prendra un exemple limite, celui de la folie, pour oser dire qu'il ne suffit pas pour être dans le vrai de qualifier cette perte totale de la raison, qu'elle soit d'origine organique ou mentale, de maladie du cerveau, mais bien au contraire de la considérer comme étant essentiellement le défaut de contrôle suffisant ou sa totale absence de la part du moi sur le mental. En effet, les groupes élémentaires de ce dernier peuvent rester intacts et le durer suffisamment de temps pour que l'on réussisse par une technique appropriée à éviter leur perte par défaut d'usage et de mise en œuvre car, bien évidemment, si le contrôle supérieur ne se rétablit pas d'une manière ou d'une autre, la désorganisation se répercute immanquablement en se prolongeant sur la fonction cérébrale et finit par y entraîner des lésions dégénératives supplémentaires qui, en s'accumulant, échappent à tout espoir de remise en marche. C'est ce qui explique, par exemple, les cas nombreux rapportés par les psychiatres d'aliénés présentant subitement et tout a fait inexplicablement un redressement de leurs facultés, dont des cas célèbres dans la littérature psychiatrique française de patients qui non seulement présentent peu de jours avant leur fin une amélioration inattendue et incompréhensible de leur état mais ont aussi un pressentiment clair de leur mort imminente.
Ainsi, au fur et à mesure de l'accumulation des expériences psychologiques selon l'esprit que nous recommandons, il se produit comme une réversion d'effets dans le subconscient du malade progressivement illuminé par nos gestes, nos sons et nos émanations qui sont autant de flux électriques bienfaisants venant innerver la conscience, la sortant de la léthargie à laquelle la condamne la maladie et arrivant même à développer quelque peu ses aptitudes tant qu'elles n'auront pas été perdues par une trop longue absence de pareils stimulus.
Il est indéniable, en effet, que l'environnement regorge de pareils éléments sensoriels ou psychiques qui, pour peu qu'ils soient assez puissants et bien dirigés, ont la propriété d'activer nos récepteurs sensoriels et d'affecter nos réactions, notre comportement. Or, l'électricité dégagée par notre corps est bien l'un d'entre eux ; et tous les corps, bien évidemment, en sont imprégnés puisque là où il y a chaleur (et la nôtre tourne autour de 37°, faut-il le rappeler !) il y a électricité, donc une force faite d'émanations et d'ondulations qui ne peuvent pas être d'effet nul et ce même si on n'en use pas ; et que dire alors si on en fait un usage raisonné, décuplant leur force par celle que recèle la pensée !
D'ailleurs, à voir chez l'animal, comme le singe, mais aussi et surtout le chien, le chat, et même le cheval et l'éléphant, ces facultés formidables de logique et de raisonnement qui peuvent être développées au point de connaître un immense progrès jusqu'à aboutir, grâce à des expériences rigoureusement scientifiques, à une véritable réalisation conscientielle, on ne peut s'étonner que la personne humaine, dont le propre est sa capacité à reproduite pareilles facultés, les retrouve après les avoir perdues accidentellement suite à la maladie des organes dédiés à les exprimer. Car répétons-le encore, il n'y a pas de correspondance absolue ni définitive entre nos organes et leurs progrès ou notre complexus corporel dans sa complexité et notre mental et encore moins avec les progrès de ce dernier ; la cause initiale, le principe de la sensation n'étant pas dans le corps, mais dans l'âme. Les sens physiques ne sont que la manifestation extérieure et grossière, le prolongement à la surface de l'être des sens intimes et cachés. Aussi, arrivons-nous, par le sentiment fort, l'élan affectif puissant, à condenser nos vibrations pour les mettre en syntonie avec le climat mental des vibrations émises par la personne qui est destinataire de nos sentiments et, immanquablement, agir sur elle comme dans ce qui se passe en télépathie.