Aloïs, c'est qui ?


Aloïs réfère à cette expérience enrichissante d'un accompagnement de l'être cher frappé par la soi-disant maladie accolée à un nom célèbre.
À la faveur du vieillissement cérébral problématique, avec une culture des sentiments, bécothérapie et musicothérapie, l'on vit une expérience humaine inouïe.
Aloïs est ainsi le jumeau infernal de l'enfant joufflu, messager d'un infini amour insoupçonné...

De la médicalisation à outrance à une approche non biologique (2)


Pour une vision nouvelle du vieillissement cérébral 


Peter J. Whitehouse
Comme dans la plupart des articles du blog, nous nous référons ici à des passages pertinents du livre du professeur Whitehouse qui a osé défier l'omerta des scientifiques sur le mythe de la maladie d'Alzheimer. 
Nous reprenons ici presque textuellement ses considérations dans le cadre d'un chapitre qu'il intitule : Écrire la nouvelle histoire du vieillissement cérébral. 
Conseillant une autre façon de parler des troubles cognitifs dénommés maladie d'Alzheimer, il suggère des modifications apparemment légères, mais subtiles et importantes dans notre langage courant et surtout dans notre pensée afin de dépasser la terreur et la peur des terribles métaphores servant à cimenter le mythe d'Alzheimer.
Car, ainsi que l'enseignent nombre de philosophies spiritualistes et humanistes, comme le spiritisme, et que le sage Bouddha résume bellement en affirmant que "nous sommes ce que nous pensons. Tout ce que nous sommes provient de nos pensées. Avec nos pensées, nous faisons le monde". Notre façon de penser l'Alzheimer doit donc changer. 
D'ailleurs, la qualification des troubles cognitifs associés au vieillissement cérébral n'a pas cessé de connaître une métamorphose dans sa terminologie passant de la "sénilité" à la "démence sénile" puis à la "démence de type Alzheimer" avant de varier entre "maladie d'Alzheimer et troubles apparentés" et "maladie d'Alzheimer". 

Aujourd'hui, il nous faut abandonner la conception simpliste et unidimensionnelle de la maladie d'Alzheimer. Il nous faut répudier le qualificatif de maladie pour nous aborder plus sereinement, plus objectivement et plus utilement les troubles cognitifs liés au fatal vieillissement humain. Il nous faut écrire une nouvelle histoire du vieillissement, une conception postmoderne de la maladie d'Alzheimer.
Et il est peut-être bon de rappeler ici qu'Alzheimer lui-même concluait qu'il n'y avait "pas de raison défendable de considérer (ses) cas comme résultant d'un processus pathologique spécifique".     
Aussi, voici ce que propose le célèbre neurologue américain comme approche intellectuelle nécessaire du vieillissement cérébral :
1 ) À l'affirmation contestable que la maladie d'Alzheimer est une maladie du cerveau, rétorquer que le vieillissement cérébral est variable : Scientifiquement parlant, l'Alzheimer n'est pas une maladie cérébrale spécifique, car elle ne peut être diagnostiquée de façon absolue ni chez une personne vivante ni chez une personne décédée. Elle n'a pas de caractéristique pathologique fondamentale permettant de la définir. Une conception humaniste, écologique du vieillissement cérébral admettra les épreuves et les défis de la vieillesse tout en nous permettant d'éviter le stigmate et le dénigrement associé à l'étiquette de maladie mentale. Aussi nous faut-il chercher davantage la prévention et la prise en charge globale des pertes cognitives que leur prétendue "réparation". 
2 )  À l'affirmation erronée que la maladie d'Alzheimer ravage le cerveau, rétorquer que le vieillissement cérébral crée des défis cognitifs associés à l'âge :  Dire que la maladie d'Alzheimer ravage l'esprit est un mensonge scientifique sur le vieillissement cérébral. Il nous faut en sortir au plus vite. Car le concept de défis cognitifs associés à l'âge admet la complexité biologique et les épreuves personnelles découlant d'un dysfonctionnement cognitif. Il suppose aussi que souffrir peut être une occasion de transformation personnelle face à un processus naturel. Aussi, il nous faut nous dire qu'en vieillissant mal, on succombe moins à une "maladie" que l'on est en mesure de relever le défi de l'âge, gagner en sagesse et dispenser celle déjà engrangée en la transmettant aux plus jeunes.  
3 ) À l'affirmation fausse que la maladie d'Alzheimer conduit à une perte d'identité, rétorquer que le vieillissement cérébral produit un changement dans l'identité : On ne peut réduire notre humanité à un organe, quel qu'il soit, serait-il le cerveau. D'autant plus que l'être humain change constamment tout au long de la vie. Or, les dernières étapes du vieillissement cérébral font partie de ce continuum inévitable. De plus, cette individualité qui évolue sans cesse durant la vie dépend en grande partie des relations entretenues avec autrui. Aussi, l'être humain est loin d'être une identité solitaire. Par conséquent, la perte de mémoire ne doit pas condamner nos relations avec les autres, mais les faire juste évoluer pour devenir plus riches et plus profondes plutôt que pauvres et superficielles. On ne doit pas fuir la personne souffrant de démence, mais lui laisser le droit de vivre sa vie en nous imaginant à sa place, car on peut toujours vieillir comme elle très vite et plus rapidement que d'autres vieux sur le plan neurologique. Une telle personne garde toute son identité malgré ses troubles et on doit la traiter comme un être humain vieillissant, gardant toute sa spécificité, que comme une victime malade, dépourvue d'une identité que même la mort ne saurait enlever, restant accolée à sa mémoire chez le vivant.    
4 ) À l'affirmation qu'il nous faut mener une guerre contre la maladie d'Alzheimer, rétorquer qu'il nous faut nous adapter à notre finitude : Il nous faut sortir de cette pure mythologie de se croire en guerre avec nos cerveaux vieillissants et d'abandonner l'idée saugrenue, dangereuse et illusoire, de croire pouvoir un jour trouver un moyen de réparation de nos cerveaux. Sinon, il ne s'agit plus d'humain, mais d'un être transhumanisé, robotisé ! Aussi, nous faut-il prendre conscience que nous sommes bel et bien mortels. Certes, on peut toujours croire en la science et espérer de nouveaux traitements de nature à alléger le poids du vieillissement cérébral, mais cela doit se faire dans le respect de la personne humaine et sans en faire la victime d'une mythique guerre contre sans cerveau qui serait tombé malade alors qu'il ne fait que vieillir, mal peut-être, mais normalement selon son plan et son hygiène de vie.
5 ) À l'affirmation inexacte scientifiquement que quelqu'un a une d'Alzheimer, rétorquer qu'il faut plutôt dire qu'il a une soi-disant maladie d'Alzheimer : la conception de la maladie d'Alzheimer, outre la stigmatisation sociale qu'elle emporte, est scientifiquement imprécise et socialement préjudiciable; c'est un mythe médicalisé! On doit se convaincre que personne n'a jamais la maladie d'Alzheimer, mais une soi-disant maladie d'Alzheimer. Aussi, pour éviter une généralisation injuste et stérile, est-il conseillé désormais de dire, pour le moins,  que l'on a ce que les gens ont coutume d'appeler maladie d'Alzheimer ou d'avoir une maladie d'Alzheimer probable
6 ) À l'affirmation monstrueuse que la maladie d'Alzheimer est une mort lente, rétorquer que la personne vieillissante peut encore, bien que diminuée, apporter des contributions essentielles  : On doit considérer le vieillissement comme un projet, une oeuvre d'art existentielle, une histoire que l'on continue d'écrire tant que l'on est en vie. Malgré les profonds stigmates de la maladie, ils ne sont pas de nature à empêcher le cerveau vieillissant de trouver des rôles et à la personne malade de continuer à être utile en société. C'est que le vieillissement cérébral change la personne, il ne l'écarte pas entièrement de la société. Ainsi, malgré sa démence, une personne considérée médicalement comme finie peut toujours apporter quelque chose à sa communauté, notamment auprès des jeunes générations. Outre une sagesse apportée par la longue expérience de la vie, elle garde une réserve de vitalité qui reste tout au long du processus inévitable vers la mort. Il nous faut juste en prendre conscience et veiller à son occurrence en nous inspirant de ce que conseillait Goethe : "Quoi que tu rêves d'entreprendre, commence-le. L'audace a du génie, du pouvoir, de la magie."