Du traitement chimique à la prise en charge traditionnelle
Notes de lecture sur :
« Guérir l'Alzheimer ! Manifeste hors poncifs »
À l'occasion de la sortie de l'essai :
التعافي من الألزهايمر.
حول أسطورة شبه مرض
La bécothérapie et la culture des sentiments en thérapie alternative de l'Alzheimer
Voici un ouvrage qui va faire du bruit
dans le landerneau médical ! Résumant une douzaine d'années d'accompagnement de
la maladie d'Alzheimer, cet essai de Farhat OTHMAN préconise de délaisser le
traitement chimique pour puiser dans les trésors infinis de nos sentiments, en
faisant la culture dans le cadre d'une science du cœur pour laquelle guérir
c'est souffrir le moins sinon point.
Intitulé : Guérir l'Alzheimer ! Manifeste
hors poncifs,1 l'auteur y préconise une
méthode dite « bécothérapie », expérimentée avec succès et qui,
s'ajoutant à la musicothérapie, qui a fait ses preuves, permet d'atténuer
nettement mieux les ravages du mal terrible qu'est l'Alzheimer tout en
préservant le malade des effets néfastes des produits chimiques, les trop
fameux effets iatrogènes des médicaments.
F. OTHMAN l'assure, en effet : la
nocivité des médicaments spécifiques au traitement de l'Alzheimer n'est plus à
démontrer. Référant à des conclusions on ne peut plus fiables : la conclusion
d'une étude de longue durée, publiée en ligne et dans l'édition de février 2009
de The Lancet Neurology 2 qui
montre qu'il y a une forte hausse des risques d'effets secondaires graves et de
mort chez les patients recevant ces médicaments, affirmant qu'il s'avère
maintenant que cette pratique peut être mortelle, il rappelle qu'il est établi
désormais que « si quelqu'un diagnostiqué avec la maladie d'Alzheimer “se conduit mal“ et manifeste des symptômes neuropsychiatriques,
comme l'agressivité et l'agitation, c'est qu'il a souvent reçu des médicaments
antipsychotiques. »
Le ratio bénéfices/inconvénients qui
doit guider la prescription médicamenteuse étant devenu en défaveur du malade
et eu égard à la persistance de la tradition d'une prise en charge familiale
dans notre société, l'auteur s'emploie à ce qu'on préserve cette conception
traditionnelle de traitement de la maladie, pensant qu'elle est la seule
actuellement qui est dans l'intérêt bien compris des malades.
Rappelant les trésors insoupçonnés en
nous, faits d'ondes, de courants, de fluides et d'énergie magnétique, une force
qui peut être bénéfique aussi bien pour le malade que pour l'accompagnateur
sain en une véritable science du cœur, F. OTHMAN préconise l'acte d'amour comme
un acte médical.
Ce qu'il qualifie de « culture des
sentiments » est d'ailleurs, dit-il, la caractéristique majeure de l'ère
postmoderne dans laquelle nous vivons désormais et qui n'est rien moins qu'une
réhabilitation de notre prise en charge traditionnelle laquelle, évitant de
gaver le malade de produits chimiques, le laisse vivre sa vie dans son cadre
familial habituel, entouré des siens, tout en usant du meilleur remède qui soit
en la matière : la tendresse, les gestes et les paroles d'amour.
Monsieur
OTHMAN lance donc un appel aux neurologues et gériatres afin, pour le moins,
d'informer les malades et leur entourage sur l'existence de cette manière
alternative de traitement de la maladie.
À cet effet, il a écrit à tous les professionnels de la santé concernés,
en Tunisie comme en France où il réside, les invitant, au nom du principe de
précaution, à alerter sur la nocivité avérée des médicaments contre
l'Alzheimer.3
Sa méthode est d'autant plus digne
d'intérêt qu'une conception révolutionnaire de la maladie est apparue récemment
dans le milieu médical, qui rejette le recours au protocole habituel pour
réhabiliter la prise en charge des malades en vigueur dans les sociétés
traditionnelles et consistant à accepter les troubles cognitifs comme une
conséquence normale du vieillissement cérébral dans une société de « troubles
cognitifs admis ».
La
« soi-disant
maladie d'Alzheimer »
La « soi-disant maladie d'Alzheimer », c'est ce que les deux
auteurs d'un ouvrage iconoclaste paru aux États-Unis il y a quelques années
proposent aux médecins de dire à leurs patients. Intitulé : « Le Mythe de la
maladie d'Alzheimer. Ce qu'on ne vous dit pas sur le diagnostic tant redouté »,4 il est l'œuvre du plus célèbre
neurologue américain, le professeur Peter J. Whitehouse et de Daniel George,
autre spécialiste réputé. Les auteurs y affirment, preuves à l'appui, que « les
traitements existants sont très peu efficaces et l'espoir d'un remède est basé
sur un acte de foi et des extrapolations scientifiques non évaluées » et la
prise en charge actuelle « emprisonnerait de nombreux adultes encore
fonctionnels dans le couloir de la mort mentale ».
Farhat OTHMAN ne reprend pas à son compte
l'argumentation des auteurs américains qui, intitulant « En attendant
Godot » la partie réservée à la médication et aux traitements de
l'Alzheimer, pointent la responsabilité de l'industrie pharmaceutique dans le
flou entretenu autour de la maladie dans un but, certes louable, consistant à
encourager la recherche, mais qui ne demeure pas moins moralement contestable.
Il préfère s'adresser aux médecins prescripteurs, dont il ne doute pas du
dévouement au service de l'intérêt de leurs malades, pour qu'ils alertent leurs
patients sur la nouvelle conception de la maladie.
Car, pour lui, il importe de témoigner
que la vérité sur l'Alzheimer est bel et bien aujourd'hui que l'intérêt du
malade est de renouer avec nos pratiques traditionnelles sans recours aux
médicaments. Il affirme ainsi dans son livre que la question, la seule à se poser
en la matière, relève du cas de conscience pour l'entourage familial et médical
: est-ce l'intérêt du malade qui prime vraiment?
C'est donc au nom du courage de la vérité
qu'il appelle les médecins, tunisiens notamment, à ne pas négliger cette nouvelle
approche de l'Alzheimer et d'en informer, pour le moins, leurs patients, car «
en général, l'on aime moins les vérités que la certitude; ce qui est plus
tranquillisant », martèle-t-il en citant un éminent sociologue de la
postmodernité, le professeur Maffesoli.
Mais en quoi l'Alzheimer
serait-il une soi-disant maladie? Si le professeur Whitehouse soutient que l’Alzheimer
n'existe pas vraiment, c'est qu'il affirme, de la façon la plus
scientifiquement documentée, que la maladie d’Alzheimer n’est pas une entité spécifique
du fait « qu'il n’existe aucun moyen
accepté par tous pour la différencier du vieillissement normal, ce qui rend
ainsi chaque diagnostic seulement "possible" ou "probable" et chaque
cas individuel hétérogène et unique dans son évolution. »
Selon les auteurs du
Mythe de la maladie d'Alzheimer, « les traitements existants sont très peu efficaces et l’espoir d’un
remède est basé sur un acte de foi et des extrapolations scientifiques non évaluées
». Pour eux, la complexité
des phénomènes rend « absurde » la notion de trouble cognitif léger (mild cognitive impairment situé entre la
démence et le vieillissement normal.
D'après cette sommité
mondiale qu'est le professeur Whitehouse, la catégorisation en maladie d’états
distincts du vieillissement normal est le fait des multinationales
pharmaceutiques et de certains experts qui s’emploient à entretenir
l’inquiétude et l’effroi pour alimenter le financement de leurs travaux. Et ce
spécialiste des plus sérieux et des plus respectés n'hésite pas à affirmer,
catégorique : « Le diagnostic emprisonne de
nombreux adultes encore fonctionnels dans le couloir de la mort mentale » alors que les personnes en proie à des troubles
cognitifs conservent un potentiel de vitalité, d'épanouissement et même de
sagesse tout au long de leurs années de déclin. Aussi ce célèbre scientifique
conseille-t-il d'intégrer les malades à la société (les insérer dans une société de « troubles cognitifs admis », dit-il) pour y demeurer partie prenante, entre autres à travers
des projets intergénérationnels.
Si la thèse de Peter
Whitehouse constitue un point de vue minoritaire et dérangeant, elle gagne du
terrain dans des revues scientifiques de renom et nombre de scientifiques
commencent d'adhérer à cette approche moins réductrice et plus humaniste du
vieillissement cérébral, qui assume la complexité des facteurs biologiques,
psychologiques, sociaux, culturels et environnementaux qui sont impliqués dans
l'Alzheimer. Ainsi, en France, le professeur Saint-Jean n'est pas loin de
pratiquer ces vues à l'hôpital européen en ne donnant généralement plus à ses
malades des médicaments au-delà de trois ans.
L'Alzheimer en Tunisie
Dans sa lettre au ministre de la Santé,
Farhat OTHMAN rappelle que l'orientation conseillée par la plus récente
approche de la maladie correspond à « ce que l'on a toujours
pratiqué chez nous avant que la médicalisation à outrance ne change nos
habitudes, bien plus sous l'effet d'une singerie de l'Occident que d'une vraie
conviction quant à l'intérêt en faveur du malade du ratio
bénéfices/inconvénients qui doit commander toute prescription. Certes, la conviction en l'utilité de l'approche biomédicale est bien
incrustée dans la mentalité tunisienne, mais elle est aussi prégnante chez les
médecins et les autorités sanitaires qui continuent à entretenir l'illusion de
l'utilité des médicaments prescrits pour l'Alzheimer malgré tout ce qu'ils
induisent désormais comme risques certains ».
Et citant la
conclusion de l'étude précitée de Lancet Neurology,5
il affirme qu'il est établi
désormais que « si quelqu’un diagnostiqué
avec la maladie d'Alzheimer " se conduit mal " et manifeste
des symptômes neuropsychiatriques, comme l'agressivité et l'agitation, c’est
qu’il a souvent reçu des médicaments antipsychotiques. Il s'avère maintenant
que cette pratique peut être mortelle. »
L'urgence
de réhabiliter notre prise en charge traditionnelle de l'Alzheimer est d'autant
plus grande pour l'intéressé que la population tunisienne, même si elle
reste globalement jeune — la tranche de vie de la population active des 15 à 52
ans représentant les 68 % selon le recensement de 2008 —, elle commence malgré
tout à vieillir et à mal vieillir pour les plus âgés de ses membres, estimés à
environ un million de personnes.
En
effet, sur les 10% de la population totale des personnes âgées en Tunisie, on
suppute qu'au moins 3,7 % sont atteints de sénilité, et la progression est
énorme, donnant la mesure de la gravité de la situation. Ainsi, ce chiffre
n'était que de 0,135 % en 1985 et on prévoit que le nombre de ces personnes
atteindra 17,7 % en 2029.
Insistant
sur l'intérêt de l'hygiène de vie, notamment de l'activité, tant physique que
mentale comme parade pouvant être la plus efficace pour échapper à ce mal, ou
pour le moins en atténuer les effets dévastateurs, Farhat OTHMAN martèle que
scientifiquement, aussi bien d'un point sociologique que médical, la prise en
charge la plus efficace du malade ou soi-disant malade d'Alzheimer relève du
plus pur acte du cœur, cette science du cœur qu'il théorise dans son essai, une
culture des sentiments qui relève d'un véritable sacerdoce.
Pour
lui, il urge donc de renouer avec notre passé qui acceptait ses vieux avec
leurs troubles sans les gaver de médicaments aggravant leur mal, ce qui serait
salutaire en une société comme la nôtre qui a gardé ses valeurs spirituelles.
Dans ce
cadre, il note qu'il n'est pas sans intérêt de relever que le rapport sur la
santé mentale des seniors remis en avril 2011 à la secrétaire d'État française
chargée de la Santé insiste sur la dimension spirituelle du vieillissement,
recommandant de développer une certaine hygiène de conscience.
Parlant
de la vieillesse comme d'une réserve de vie spirituelle, pas nécessairement de
religion, mais d'apprentissage de la connaissance de soi, ce rapport précise
que si l'on ne peut pas empêcher le déclin physique, on peut éviter le naufrage
spirituel, rejoignant ainsi la conclusion de Guérir l'Alzheimer, consacrée à
une approche spirite ou spiritualiste de l'Alzheimer.
On ne
peut terminer sans signaler que le même auteur, dans des articles publiés
notamment sur son blog Tunisie Nouvelle République, parle aussi d'un Alzheimer
politique dont serait atteintes les élites tunisiennes, préconisant de le
soigner pareillement avec cette culture des sentiments qu'il qualifie, en ce
domaine, de politique compréhensive par référence à la sociologie compréhensive
incontournable depuis Max Weber.
NOTES
1
Paru en février 2012 chez L'Harmattan, le livre est
déjà disponible en Tunisie. Sur internet, on peut aussi le commander notamment
chez l'éditeur et chez Amazon. C'est ce dernier, il a même été classé 9e
des ventes.
2
Cette étude
est publiée en ligne et dans l'édition de février 2009 de The Lancet Neurology. Cf. Natural News.com :
Drugs Prescribed for Alzheimer's Disease Increase Mental Decline and Deaths by
Sherry Baker, Health Sciences Editor Friday, January 16, 2009,
http://www.naturalnews.com/025345.html
3 Lettre ouverte au ministre
de la Santé : Au nom du principe de précaution, alertez sur la nocivité avérée
des médicaments contre l'Alzheimer ! Tunisie Nouvelle République : http://tunisienouvellerepublique.blogspot.fr/2012/05/un-monde-postmoderne-3.html#more.
On peut aussi trouver, sur le même site, la lettre adressée au ministre
français de la Santé.
4 Peter
J. Whitehouse with Daniel George : The Myth of Alzheimer's : What You Aren't
Being Told About Today's Most Dreaded Diagnosos, St. Martin's Press, janvier
2008; traduit et préfacé par Anne-Claude Juillerat Van der Linden et Martial
Van der Linden sous le titre : Le Mythe de la maladie d'Alzheimer. Ce qu'on ne
vous dit pas sur ce diagnostic tant redouté. Edition Solal, décembre 2009.
5 Ibid.