Aloïs, c'est qui ?


Aloïs réfère à cette expérience enrichissante d'un accompagnement de l'être cher frappé par la soi-disant maladie accolée à un nom célèbre.
À la faveur du vieillissement cérébral problématique, avec une culture des sentiments, bécothérapie et musicothérapie, l'on vit une expérience humaine inouïe.
Aloïs est ainsi le jumeau infernal de l'enfant joufflu, messager d'un infini amour insoupçonné...

L'Alzheimer se guérit aux sentiments !


Extrait de mon intervention*
au colloque
Re-penser l'ordinaire
Paris, Sorbonne
21-22 mars 2012
   
    * Intitulée : « Réordonner l'ordinaire ou l'ordinaire spiritualisé : l'Alzheimer se guérit aux sentiments ! » cette intervention est disponible 
dans son intégralité sur mes blogs Tunisie Nouvelle république et Spiritisme arabe, référencés sur la page d'accueil de ce blog.

    Repenser cet ordinaire incruste donc la pensée dans cette essence des
profondeurs tout en mouvance, en faisant la matrice d'un savoir immanent; et en l'accompagnant, y compris en son état de latence, le réordonne autour de la nature même de l'être humain, une force en lui rien qu'en mouvement se résolvant en une énergie transcendante. Ainsi faite en connaissance englobante, cette saisine de l'ordinaire met en exergue sa pluralité apparente et invisible, l'ordre en mouvement, incluant une temporalité qui n'est plus figée et de triple dimension, une triplicité comme une trinité, une et multiple à la fois, où présent, passé et futur ne font qu'un, moyennant une plus grande empathie avec le vécu, avec la vie tout simplement.
    Nous développerons cette analyse autour de la thématique de la qualité de la vie, du  bien-être et du souci de soi, dimensions si essentielles de l'ordinaire de nos jours, faisant constamment l'objet d'attentions grandissantes et d'approches renouvelées. Et c'est en prenant comme illustration paroxystique une maladie incurable, condamnant à la dégénérescence progressive, fatale et inarrêtable, et au terrible poids sur l'entourage du malade en termes physique et psychologique : la maladie d'Alzheimer. L'ordinaire de cette maladie étant une prise en charge médicamenteuse qui n'est qu'un leurre, un trompe-l'œil dangereux, emportant le péril iatrogénique des effets indésirables, nous proposons de repenser cet ordinaire, le réordonnant en dehors du traitement chimique en développant tout à la fois une thérapie des sentiments et une approche spirite, réalisant le passage de l'ordinaire ordonné du matérialisme curatif à l'extraordinaire ou l'ordinaire réordonné (ou des—ordonné) de la quête de sens psychosomatique.
    Approche novatrice de la maladie d'Alzheimer, cette spiritualité appliquée à la médecine postmoderne, nous avons essayé de lui donner une assise théorique en notre essai paru chez L'harmattan en janvier 2012, que nous avons voulu comme un manifeste hors les poncifs éculés au moment où l'on ose désormais dans le milieu médical lui-même qualifier de mythe l'Alzheimer.*1* Abondant dans la même direction, revenant au sens vrai de la guérison, nous l'avons intitulé par provocation Guérir l'Alzheimer! non sans avoir insisté, par une ponctuation en interjection, sur sa nature de cri du cœur à la science duquel, il renvoie, instaurant sa thérapie en lieu et place de la thérapie chimique classique désormais décriée et dont on savait déjà qu'elle ne guérissait point.
    Car cet ouvrage se veut une invitation à la transhumance de notre pensée à travers les mentalités, au-delà des pesanteurs de leur ordinaire momifié dans des expressions banales, convenues, une transmutation du médiocre, de l'ordinaire, en quelque chose d'extra, soit un premier ordre, cet extraordinaire dont se fait toute extase. Ainsi se maximisent nos chances d'atteindre au vrai sens des mots échappant à l'entendement par déficience d'énonciation ou pléthore de freins au réordonnancement de nos expressions ordinaires quand nos sentiments manquent d'être au diapason de ce qui est essentiel en nous, nous élevant immanquablement au-dessus d'une condition supposée définitive et qu'on découvrirait augmentée de dimensions insoupçonnées!
    L'Alzheimer ordinaire est ainsi réordonné par une vision progressiste de l'acte curatif le faisant muer du matérialisme dénué de sens à une thérapie immatérielle, presque spirituelle, tout en sens, la thérapie du coeur amenant à une meilleure connaissance du mal, une con-naissance comme une naissance au nouveau sens des mots, nous faisant atteindre à travers le vrai sens des mots à la vraie nature des maux.


I ) D'une affection l'autre


    Dans ce livre, voulu comme un appel pour des temps novateurs, je joue sur le sens du mot appréhension, en faisant mes chapitres, subdivisant l'essai en quatre appréhensions. Et je commence par l'invitation à aller au vrai sens des mots en étant à l'écoute de son coeur quitte à être au rebours de l'air du temps, en prenant l'esprit sans la lettre, pour en faire un temps du coeur où la valeur de nos sentiments prend tout son sens à la veille de la bascule de nos sociétés sous l'empire d'une Loi des Frères ou de l'affrérement telle qu'en parle Michel Maffesoli. Arrivé au coeur de la maladie, je développe à travers les thérapies alternatives, comme la musicothérapie et ce que je nomme bécothérapie incluant outre les bécots, tous les gestes d'amour et de tendresse possible, la philosophie de la vie telle que j'y adhère, une culture des sentiments.
    C'est que la maladie, toute maladie, modifie l'être, et quand c'est de fond en comble, lorsqu'il s'agit d'une maladie incurable, tel l'Alzheimer ou encore le Parkinson, c'est l'ordinaire du patient, de son entourage, qui est désordonné. Et, à mesure de la gravité du mal, comme dans le cas des deux affections précitées, cet ordinaire dés-ordonné laisse voir une multitude d'ordres insoupçonnés, un ordinaire réordonné.
    S'agissant de l'Alzheimer, dont la perception semble enfin évoluer jusque chez le corps médical, permettant de renouer avec une gestion traditionnelle ayant encore cours dans les sociétés prémodernes, y voyant bien moins une terrible fatalité qu'un stigmate*2* sanctionnant l'échec d'une sereine vision de ce qui se qualifie enfin de mythe.
    Bien évidemment, l'esprit postmoderne est passé par là, une  telle maladie ayant été propice au questionnement sur le sens de la vie. Face à une médecine démunie du lustre d'un temps techno-scientifique de matérialisme curatif et d'obstruction technologique, la quête de sens a ainsi repris tous ses droits. Et cette quête fut prenante et pressante s'étant faite par-devers un "hors-dinaire", une sorte de Horlà*3* se saisissant de notre être ou habitus, nous découvrant subitement de la banalité ordinaire apparente sa richesse en aspects fantastiques, êtres invisibles ou surnaturels.
    Comme Maupassant, avant sa folie (geste osé de bascule de l'illusion visible d'une vie incarnée à la réalité invisible, car désincarnée), l'on se surprend à l'extérieur de soi, étranger à son reflet au miroir, réalisant que notre réalité est dans cet autre qui est soi-même.
    Sentiment du double, valeur suprême valorisée par les extatiques, soufis ou spirites, cette projection d'un ordinaire (or-dinaire) dédoublé, sinon démultiplié, est de l'or en masse, un or dunaire, des dunes aurifères tout de sens dont le moindre n'est pas ce renversement anthropologique, l'homme mis au pied du piédestal où la mégalomanie moderne l'avait placé et d'où la postmodernité l'a délogé.
    Annonce de la fin du règne de l'homme ordinaire, vu à tort en surhomme bien que matérialisé, pour celui de l'homme hors-dinaire, extraordinaire à raison, un homme renaissant à ses sentiments, rien qu'en battements cardiaques, saisi de la science du cœur, une culture des sentiments. Un homme parfait, car uni, dématérialisé, où le matériel se sera spiritualisé.
    Avec la thérapie du cœur, la médecine trouve ainsi moyen de se recentrer sur son essence bien plus que psychosomatique, bien moins de savoir-guérir que d'avoir l'empathie avec la détresse.   

    Ainsi d'une affection comme maladie, altération de la santé, passerait-on tout simplement ou pour l'essentiel à l'altération de l'état affectif, le déficit en l'être malade de l'attachement, de la tendresse aussi bien en donneur qu'en récepteur!
    Nul ne met plus en doute l'importance des humeurs sur l'état général de notre santé, et les sentiments ont une importance capitale dans le ratio santé/maladie auquel l'être humain ne saurait échapper sous une forme ou une autre durant sa vie. 
    En réhabilitant ainsi la pratique des sociétés traditionnelles dans lesquelles le malade continue à vivre librement sa vie, sans stigmate ajoutant à son isolement déjà immense de par la maladie, pointe cette notion de modernité avant la lettre que je crois déceler dans les sociétés prémodernes, non-technologique, y compris dans le fait religieux qui s'y est développé, l'islam en particulier, cette modernité par anticipation que je nomme rétromodernité. Mais nous y reviendrons en fin d'exposé.

    Dans l'immédiat, rappelons ce que notait déjà, en 1965, Roger Bastide, faisant avec clairvoyance la part entre la maladie ou ce qui est considéré comme tel et ses aspects psychosociologiques qui contribuent pour une grande part à en produire les symptômes.    Dans Sociologie des maladies mentales, il écrivait : « On peut se demander si la sénilité est une conséquence de la sénescence, si elle ne serait pas plutôt un produit artificiel de la société qui rejette les vieillards. […] On est même fondé à se demander si le vieux concept de démence sénile, résultat prétendu de troubles cérébraux, n’est pas à réviser complètement – et si ces pseudodémences ne sont pas le résultat de facteurs psychosociologiques, aggravés rapidement par [des environnements] où ces malades sont livrés à eux-mêmes, privés des stimulants psychologiques nécessaires, sevrés de tout intérêt vital et n’ont plus qu’à attendre une fin qu’on s’accorde à souhaiter rapide. Nous irons même jusqu’à prétendre que le tableau clinique des démences séniles est peut-être un artefact, dû le plus souvent à la carence des soins et des efforts de prévention et de réhabilitation. »*4*
    Dans ce livre où, dès l'introduction, Bastide annonçait que « Le moment est venu d'établir un cadastre », recensant ses définitions de la psychiatrie sociale, le souci humaniste était déjà manifeste et n'a cessé d’habiter les œuvres de plusieurs auteurs français, dont les plus célèbres relativement à notre thématique sont peut-être Louis Ploton*5* qui pose le « pari du sens » dans l'action du malade, un pari éthique vers la bientraitance*6* et Jean Maisondieu qui, développant une approche psychodynamique de la démence, nous apprend « Ce que l'autre (disqualifié en malade) nous enseigne sur notre positionnement professionnel ».*7*
    C'est une résonance humaine dont sont grosses les oeuvres citées et qui doit s'attacher à toute haute vérité scientifique que je me suis appliqué à réhabiliter par mon essai. Et d'abord en démystifiant l'acte de guérir, rappelant que s'il signifie soit rendre la bonne santé ou permettre de la recouvrer soit faire disparaître une souffrance physique, ne plus l'éprouver, il ne signifie pas nécessairement — comme le voudrait ou y inclinerait le sens commun, selon la conception utilitariste de règle — sortir d'une maladie, d'une affection et ne plus en porter les symptômes ou en subir les troubles.

    Car on peut parfaitement être atteint d'une maladie, comme d'être porteur d'un mal, d'un virus sans manquer de rester sain, dans le sens bien compris de la santé qui est bien moins le bon fonctionnement de l'organisme que son fonctionnement général et normal ou quasi normal, soit dans la limite de cette plage entre deux excès, considérée comme acceptable, ne versant pas dans l'inhabituel, relevant moins d'affections pathogènes que de traits de caractère et de nature, même si elles peuvent revêtir quelque originalité. 
    Ainsi, accolé à une affection par définition incurable en l'état actuel de la médecine, comme l'Alzheimer, le verbe du titre de mon ouvrage désigne bien cet état consistant à souffrir le moins, sinon point, de cette maladie dégénérative, ce droit au bien-être auquel j'aspire pour tout malade d'Alzheimer et qui consiste à être peu, si peu affecté par les troubles et l'évolution inéluctable de la maladie.
    Guérir l'Alzheimer, cette maladie ou pseudo-maladie comme il nous sera possible de le démontrer plus loin, caractérisée notamment par l'oubli et la perte des repères ainsi que par la totale dépendance du malade de son entourage, ne serait donc pas recouvrer la mémoire, savoir s'orienter et pouvoir se passer d'aide, mais souffrir le moins de la perte des repères, garder malgré tout un semblant de réminiscences et peser dans une moindre mesure sur les nerfs de l'entourage en charge du malade par un comportement qui serait de la part de ce dernier sinon le plus « coopératif » du moins le moins stressant. C'est, en un mot, vivre le plus normalement possible sa vie sans avoir à supporter un quelconque stigmate invalidant. 

    Aussi, cette action de guérir, dans l'acception raisonnée précitée, ne concerne pas uniquement le malade, mais implique tout autant son entourage appelé, tout comme la personne affectée par le mal, à n'en pas trop souffrir en se soustrayant à ce qui constitue souvent un terrible poids supplémentaire pour lui, un diagnostic tombant comme un couperet, changeant son regard sur les capacités et la vitalité de la personne malade. Or, l'on sait à quel point la souffrance de l'entourage en charge d'un malade d'Alzheimer est grande, tellement grande que l'on peut assurer sans trop d'hésitation que l'état en bien ou en mal du patient Alzheimer est fonction de celui de son entourage, aussi bien physique que — et surtout — psychologique. Et, surtout, que le bien-être du malade est fonction du regard porté sur lui et sur ses troubles.
    Pour nous, et c'est désormais de plus en plus admis, même dans les milieux des scientifiques comme on le verra, il urge de délaisser les sentiers battus dans le traitement de l'Alzheimer. Il est enfin temps de clamer haut et fort qu'il ne suffit pas, pour bien accompagner un malade d'Alzheimer, de lui procurer les soins médicaux en vue d'éviter la détérioration de sa santé à défaut de la rétablir, mais justement d'avoir cette santé même si cela se présente autrement qu'en venant à bout du mal, même si cela se fait en usant moins des soins médicaux classiques que d'un autre type de soins aussi efficaces sinon plus que la médication en l'état actuel de nos connaissances.
    Par notre essai, quitte à susciter les réactions offusquées des tenants du discours officiel relatif à l'incurabilité de l'Alzheimer, notre intention est d'attirer l'attention sur les pistes délaissées pour le traitement de cette affection. Elle l'est aussi de relativiser notre conception de la santé par trop centrée sur le mal et sa disparition et ce en mettant davantage l'accent sur la souffrance et son atténuation, le mal pouvant être en nous tout en ne se manifestant pas par la souffrance, physique surtout mais aussi psychique, et devant être alors considéré comme étant sinon absent du moins prévalent moins que d'autres affections aux manifestations douloureuses ou malignes plus évidentes et dont la cause sur l'issue fatale de l'Alzheimer est attestée comme étant bien plus grande sinon exclusive que la maladie même d'Alzheimer et son évolution.

    Relatant une expérience d'accompagnement allant jusqu'au bout du temps actuellement considéré comme généralement la durée de vie maximum possible pour les infortunés malades d'Alzheimer, soit une douzaine d'années, l'essai livre une expérience aux fins de témoignage en vue d'une contribution à aider les personnes confrontées à cette terrible maladie à mieux la gérer et, pour celles qui en sont atteintes, à profiter corrélativement d'une prise en charge meilleure, la preuve n'étant plus à faire sur la nocivité du traitement chimique en général*8* et des médicaments spécifiques à l'Alzheimer en particulier.*9*
    La méthode exposée dans notre essai, axée notamment sur ce que j'appelle bécothérapie outre, par exemple, la musicothérapie et tout ce qui relèverait de la culture des sentiments maffesolienne,*10* peut sembler, à certains lecteurs obnubilés par les méthodes classiques, comme idylliques relevant d'une philosophie idéaliste ; cette originalité elle ne la renie pas ; mais celle qu'elle revendique hautement est d'être une philosophie scientifique. Loin de relever d'un cadre dogmatique ou mystique, de puiser ses assertions dans des expressions et des formules scolastiques ou doctrinaires, elle se base sur une démonstration positive et des faits connus, soit dans les sciences naturelles et la biologie générale, soit dans les données relatives à la constitution physiologique et psychologique de l'individu.

    Basée sur des faits avérés et scientifiquement démontrés, notre recette n'en fait cependant pas la démonstration car tel n'est pas son propos, et c'est là l'affaire des analystes. En notre manifeste, nous nous sommes situés dans une perspective de recherche privilégiant « une approche métaphorique plus suggestive que démonstrative » selon la sociologie de Michel Maffesoli où « la démarche compréhensive consiste à être à l'écoute, voire à être en résonance ».
    Des implications des nouvelles avancées des connaissances humaines sur notre propre humanité, je me sens conforté dans ma philosophie de vie d'être utile, une philosophie d'être et d'agir, faire œuvre profitable pour tous ceux et celles appelés à être confrontés au malheur qui fut le mien, qui est celui de nombre d'autres personnes et qui est appelé à encore se généraliser d'après les constats les plus sérieux, la maladie se développant de plus en plus et frappant même plus précocement. Ainsi accompagnera-t-on au mieux ce glissement irrésistible, en nos temps postmodernes, comme l'assure M. Maffesoli, « d’une logique de l’identité à une logique de l’identification. Celle-là est essentiellement individualiste, mais celle-ci est beaucoup plus collective. »*11*

II ) Le mythe d'Alzheimer ou l'ordinaire réordonné

    C'est donc à la culture des sentiments qu'appelle le manifeste, un recours à la science du coeur pour une thérapie affective usant de tout ce dont le cœur humain est capable (bécothérapie, musicothérapie et toute sorte de thérapies alternatives).
    Car, au jour d'aujourd'hui, c'est le seul traitement utile dans le sens de satisfaction du  besoin de se sentir bien, d'usage avantageux pour une moindre souffrance, car souffrir le moins sinon point est le véritable sens de l'acte de guérir. 
    Ce passage du sens ordinaire de l'affection imposant un traitement chimique où le ratio avantages/inconvénients est négatif à son sens réordonné suggérant le choix d'une thérapie du cœur, un autre livre, celui de spécialistes cette fois-ci, en parle d'une manière encore plus spectaculaire, osant qualifier l'Alzheimer de mythe; c'est celui de Peter Whitehouse, docteur en médecine, titulaire d'un doctorat de psychologie et d'une maîtrise en bioéthique, enseignant, spécialisé en neurologie gériatrique, écrit en collaboration avec Daniel Georges, docteur en anthropologie médicale à̀ Oxford.*12*

    L'originalité de cet ouvrage est d'être l'œuvre iconoclaste de neurologues réputés, Peter Whitehouse étant l'un des plus célèbres spécialistes de neurologie américains;*13* c'est aussi la quintessence d'un mouvement qui est en train de s'amplifier mettant à nu le cas de conscience des praticiens, leurs doutes, incertitudes et même rejet de la position dominante d'une vision sinon erronée du moins embrouillée de la maladie d'Alzheimer.
    Ce regard sur la maladie est bien plus scientifique que le mien davantage porté sur l'accompagnement psychologique du malade, un regard de praticiens et de cliniciens habitués des examens, du diagnostic, du protocole thérapeutique sur lesquels le verdict est sans appel : l'incapacité de réellement accompagner les patients avec le type actuel de traitement.*14*

    Pour le professeur Whitehouse et son collègue George, cette "soi-disant" maladie d'Alzheimer" (c'est ce qu'ils proposent à leur patient de dire désormais) ferait simplement partie des évolutions du vieillissement cérébral. Il urge pour eux de reconsidérer la maladie, passer d'une vision progressive, inéluctable, dévastatrice, de type guerrière contre laquelle il nous faudrait fourbir des armes chimiques (des médicaments qui ne ralentissent même pas la progression du mal tout en gardant leurs effets indésirables forts ravageurs), à une approche plus douce, bienveillante, humaine.

    Partant des faits avérés, comme le fait que notre identité évolue avec le temps et que la soi-disant maladie d'Alzheimer reste rétive à tout savoir scientifique sûr, citant des études confirmant par exemple l'étendue de l'ignorance médicale concernant la toxicité des plaques séniles, ils insistent sur la nécessité d'accompagner au mieux la maladie au lieu de céder à une facilité de diagnostic qui « emprisonnerait de nombreux adultes encore fonctionnels dans le couloir de la mort mentale »*15*.
    Leur recette est faite de conseils allant de la nécessité de parler autrement de l'avancée en âge, du vieillissement pour éviter de tomber dans le piège du modèle dominant stigmatisant de la maladie, à l'invention d'une nouvelle façon de vivre la maladie comme un processus de vieillissement cérébral inéluctable, laissant la liberté aux malades et à leur entourage, libérés de la dictature du protocole chimique de "faire ce que vous aimez aussi longtemps que vous le pouvez".*16*
    Donnant des conseils de prévention et d'hygiène de vie portant sur la nutrition, le sommeil, les activités physiques, les toxines et le stress à éviter, mais aussi le réseau social à développer, le plaisir de lire et d'apprendre à tout âge, les auteurs ne font rien d'autre que rejoindre notre philosophie de la vie précitée.

    Cette approche scientifique du soin acceptant une remise en question des concepts et des méthodes de la médecine actuelle et osant placer la personne humaine et son épanouissement à l’avant-plan des préoccupations est encore minoritaire et dérange énormément le milieu scientifique;*17* mais elle gagne du terrain auprès de chercheurs et cliniciens de renom comme l'attestent des articles de revues scientifiques de renom*18* malgré l'hostilité des intérêts économiques menacés liés à la maladie.*19*
    Ainsi notre regard sociologique de la maladie est-il confirmé par les spécialistes ! Ainsi commence-t-on enfin à extraire le vieillissement cérébral des sentiers battus de la maladie, osant raisonner en termes de capacités préservées; ainsi la voie s'ouvre-t-elle à plus de conviction dans les vertus de la pensée positivée, de la force en nous faite de fluides et d'ondes au pouvoir régénérant. Et ceci est d'autant plus encourageant que l'on ne nie plus, à la suite des précurseurs américains de la conception nouvelle de la maladie, que les personnes sujettes à des troubles cognitifs conservent un potentiel intact de vitalité, d'épanouissement et mê̂me de sagesse tout au long de leurs années de dégénérescence.
    Renouant avec la pratique des sociétés traditionnelles, on préconise ainsi de ne pas exclure les malades d'Alzheimer de la société, de les insérer dans une sorte de société dé «troubles cognitifs admis», pour y demeurer actifs, entre autres à travers des projets intergénérationnels.*20*
    Cette notion de démence, qui fut considérée un temps comme un progrès, étant ainsi dépassée,*21* « l'histoire est en train de changer » comme le notent les auteurs du Mythe*22* et le malade d'Alzheimer est enfin digne, même dans les cercles fermés des scientifiques, de l'approche du coeur à laquelle nous appelons, une approche moins réductrice et plus humaniste du vieillissement cérébral, assumant la complexité des facteurs qu'elle implique, qui sont aussi bien biologiques que psychologiques, aussi bien sociaux que culturels et environnementaux.

III ) Du manifeste au latent

    Parlant de cette maladie apparente, cette apparence de maladie qu'est l'Alzheimer, à la fois manifeste et douteuse, contestable même, nous souhaitons passer de ce manifeste*23* au latent, tout ce qui n'est pas apparent, demeurant encore caché ou invisible à nos yeux, sans être inexistant, pouvant se manifester à tout moment comme toutes ces facultés dont est riche notre inconscient qui, pour échapper à notre volonté, notre conscience, ne sont pas moins prégnantes et agissantes sur notre essence même. 
    Ainsi, dans ce qui a été présenté comme une conclusion de l'essai, nous avons abordé un aspect échappant pour l'essentiel encore aux domaines reconnus par la science officielle, relevant de cet inconnu qui, sans être saugrenu, ne manque pas d'intriguer et commence par étonner et même par être rejeté avant de finir par être reconnu et adopté relevant d'aspects peu connus, mais non moins réels, de la personnalité humaine à travers des domaines aussi variés que la psychologie, la physiologie, le magnétisme.*24* Il s'agit du spiritisme et des merveilles de la pensée, cette force qui est en nous, cette nitescence, une énergie et/ou une clarté venant de l'intérieur de l'être.
    En effet, bien loin d'une conception purement biologique désormais dépassée, la conscience individuelle n'est point la simple somme de toutes les consciences des neurones ; notre personnalité est bien plutôt déterminée par le nombre, la nature, la disposition et les connexions réciproques de l'ensemble des éléments de notre système nerveux, ce qu'on nomme parallélisme psychophysiologique. Et ce qu'on ne compte plus des fréquents et fameux cas de lésions étendues dans les régions essentielles du cerveau humain, ne s'accompagnant d'aucun trouble psychique grave ni d'aucune restriction de la personnalité, suffisent à faire amplement la preuve de la persistance de l'intégrité du psychisme humain malgré l'altération des organes physiques.

    De même, les manifestations scientifiquement attestées aussi bien sensorielles, en dehors des organes des sens, que motrices, en dehors des muscles, ainsi que les manifestations issues de suggestions ou encore les matérialisations de ce qu'on appelle vulgairement les fantômes vont dans le même sens, à savoir qu'aussi bien en psychologie qu'en physiologie, on ne peut plus nier l'existence d'un principe directeur et centralisateur créant le moi conscient et maintenant sa permanence, ce moi ayant son unité essentielle hors la coordination d'états de l'organisme auquel il est lié.
    Tout cela ne fait que confirmer les enseignements de nombreux phénomènes attestés relevant du domaine de la psychologie subconsciente où innombrables sont les exemples allant dans ce sens et relevant de l'activité du subconscient sous forme d'inspiration, d'intuition, de capacités innées et sous certaines formes de l'instinct que les spécialistes appellent cryptopsychie. D'autres, aussi avérés, relevant du domaine de la mémoire subconsciente des acquis de l'être humain par son psychisme conscient, ressortissent chez lui en automatismes sensoriels, en visions et en sons vocaux, ou moteurs par l'écriture mécanique et sous dictée typtologique ou enfin sous forme totale par la transe (que les spécialistes nomment cryptomnésie); sans parler encore de l'incarnation ou la personnification somnambulique et des différentes altérations de la personnalité sous forme de dédoublement et même de multiplication qui ne sont ni d'origine traumatique ni pathologique, mais relèvent d'un subconscient supranormal.

    Dans tous ces cas, il ne s'agit que de constats rigoureusement scientifiques et d'avis d'experts qualifiés de la psychologie et qui sont bien loin de la conception courante continuant cependant à dominer les conceptions relatives à l'appréhension de la personnalité humaine bien qu'elle représente désormais la part la moins importante du psychisme individuel.  
    Or cette psychologie ainsi que la physiologie supra normale constituent déjà un monde dont l'exploration scientifique est à peine commencée, qui sera grosse d'enseignements comme le sont déjà ces actions purement mentales se faisant en dehors de tout intermédiaire physique avec de spectaculaires résultats comme la lecture de pensée, constatée notamment dans des états hypnotiques et médiumniques, la suggestion mentale faite par un magnétiseur sur un sujet sous hypnose et s'effectuant de proximité ou à distance, ou la télépathie qu'elle soit spontanée ou expérimentale comme le pressentiment, la prémonition, la divination ou les apparitions, et qui permettent de parler d'être subconscient.
    De ces faits avérés on ne peut plus douter; ils montrent bien que l'organisme humain n'est pas un simple complexus cellulaire dont le dynamisme vital est interne, fruit de processus biologiques et du fonctionnement physiologique, mais bel et bien le fruit d'un dynamisme fondamental supérieur, organisateur, centralisateur et animateur, tout en lui étant extérieur.*25* Ils montrent aussi l'indépendance certaine entre l'être pensant et le fonctionnement de ses centres nerveux en totale opposition avec la conception psychologique classique du moi comme une simple synthèse d'états de conscience qu'il coordonnerait et dont l'unité relèverait purement de la biologie.

    Cela nous a amenés à parler de la conception spirite de l'Alzheimer en osant mettre en application les recommandations maffesoliennes appelant à "penser l'impensable" car "penser le non-rationnel" est loin d'être irrationnel".*26*
    Or, les spirites nous apprennent que l'esprit s’objective au moyen des forces empruntées aux médiums au point de matérialiser sa forme fluidique dans le champ visuel de ces derniers et arrive même, dans certains cas, à laisser son image impressionnée sur une plaque photographique. Un phénomène similaire se produit avec les vibrations d'amour que l'être proche, de préférence un parent, obtient avec le malade Alzheimer dont l'esprit se servira de cet aidant et de ses fluides bienfaisants pour se sentir mieux, alléger le poids de la matière alourdie par la maladie et, du coup, se libérer du corset des organes du corps malade et arriver, par exemple, à sourire, même en phase très avancée du mal, et en tout cas communiquer, ne serait-ce que par d'imperceptibles pulsations des doigts, des éclairs dans les yeux. Il nous faut juste être assez attentifs pour ne pas manquer de les apercevoir, en prendre connaissance et les estimer à leur juste valeur. 
    Bien évidemment, les spirites croient aussi à la présence des esprits autour de nous. Or, on voit bien le malade d'Alzheimer parler seul durant la phase légère de la maladie et plus tard, en phase avancée, fixer du regard le vide, suivre parfois comme des entités invisibles. Tout se passe avec lui comme pour l'aveugle, surtout de naissance, qui compense la perte de la vue par d'extraordinaires perceptions, le malade Alzheimer tirant de sa maladie une capacité de voir l'invisible puisque, comme déjà soutenu, les affres de la maladie touchent bien plutôt le corps, le cerveau, que l'esprit, l'âme et les radiations fluidiques de l'être. Nous ne le répéterons jamais assez, en effet, le sens psychique est bien plus subtil que le sens physique et il n'est pas nécessairement affecté ou totalement diminué quand le corps physique est altéré par la maladie ; aussi, il peut percevoir des radiations, des formes, des combinaisons de la matière que la vue normale ne saurait atteindre.

    D'un point de vue spirite, vue comme doctrine ramenant à l'homme et se focalisant sur sa destinée, la maladie d'Alzheimer amène aussi l'homme à l'étude de lui-même, de ses ressorts insoupçonnés et de sa destinée perçue hors des sentiers battus de la science de nos jours. Cette doctrine étant arrivée à démontrer l'existence d'une activité mentale extra-terrestre, elle permet tout autant, et non seulement, de supposer, mais de démontrer la persistance d'une activité mentale malgré une maladie qu'on définit justement comme étant la négation de toute activité mentale ; car si la mort ne détruit pas la pensée, la maladie encore moins ne saurait le faire malgré le sérieux désordre mental qu'elle occasionne. Aussi, ne restons-nous que dans la pure apparence en appréhendant comme on le fait à ce jour la maladie d'Alzheimer ; aller au-delà de cette apparence, saisir la pensée vivante et intacte sous l'apparente maladie c'est aller au-delà de l'apparence trompeuse, toucher à l'invisible qui nous entoure, mais auquel on ne veut croire du fait qu'on ne peut le voir comme si l'air, par exemple, n'existait pas faute d'être visible !
    Il nous faut penser aussi que l'épreuve de l'Alzheimer selon la doctrine spirite peut être une épreuve pour les membres de la famille, épreuve voulue ou subie par le malade en vue d'offrir l'occasion aux membres de la famille de se racheter de certains travers accumulés lors de vies passées en leur offrant l'occasion de s'investir activement dans l'œuvre du bien, en pratiquant la charité et en dispensant l'amour pour le malade mais aussi pour son entourage appelé, ce faisant, à célébrer activement et concrètement la solidarité, l'entraide. 
    Nombre de spirites pensent ainsi pouvoir tirer de l’extension et de la complexité des facteurs mentaux dans les maladies du corps physique, non seulement un lien direct entre les affections et le psychisme, voulant y voir aussi et surtout une subordination des organes à une ascendance morale. Partant du principe spirite que le déroulement de notre vie terrestre trouve racine dans une ascendance supérieure, une position morale antérieure, ils assurent que celles-ci sont les causes réelles des maladies en lieu et place des facteurs connus. Ainsi aurait-on des prédispositions envers certaines maladies du fait d'une certaine surface magnétique en nous qui les attirerait et qui serait constituée par les dettes accumulées dans d'autres vies, ces maladies ne faisant qu'extérioriser nos déficiences passées.

    Tout autant, ils expliquent que les membres de l'entourage familial d'un malade d'Alzheimer gagneraient à chercher les raisons profondes de la maladie frappant leur proche dans les liens qui auraient existé dans d’autres vies entre tous les membres du noyau familial, car leurs rapports nécessairement conflictuels (des caractères forts et opposés, des inimitiés déclarées ou sourdes, des affections en clair-obscur ou ambivalentes, etc.) en seraient la cause en étant à l'origine de la maladie qui, bien loin d'être le pur fruit du hasard ou un châtiment divin, serait advenue dans le but de la constitution autour du malade d’un groupe soudé dont le rôle (une mission, dans le même temps, de son incarnation actuelle) serait de prendre le malade en charge, mais aussi de résoudre les problèmes personnels hérités du passé existant entre les membres de ce groupe formant l'entourage du malade.
    Ainsi, la maladie, obligeant le groupe familial à se rapprocher, serait l'occasion pour qu'il s'emploie à la saisir en vue de résoudre les problèmes qui n'auraient pas été réglés dans d’autres incarnations. Aussi, pour cet entourage, pour peu qu'il ait la lucidité de regarder en lui-même et d'interpeller sa propre conscience, l'Alzheimer ne sera plus à considérer comme un poids préjudiciable à son confort de vie, mais bien la chance donnée à tous les membres de la famille en vue de travailler activement pour la réparation de situations qui n'auraient pas été résolues dans le passé et de profiter ainsi d'une chance octroyée par la Providence agissant en conformité avec une certaine conception de la justice divine. Concrètement, il s'agira d'éliminer les traces passées de rivalité, haine ou antipathie, héritées d'incarnations anciennes où l'on aurait été des ennemis farouches et non des parents, frères ou sœurs, et ce à la faveur de la solidarité née de la prise en charge du malade et des effusions de tendresse et d'amour à lui prodiguer et dont on tirerait profit dans le même temps.

    Certes, un tel propos ne manque pas de surprendre les tenants d'une certaine pensée unique scientiste qui repose pourtant sur des dogmes, bien loin des vérités scientifiques et qui commencent à se fissurer. Or, c'est bien connu, en notre temps plein d'incertitudes, "on aime moins les vérités que la certitude".*27* Bien évidemment, il serait présomptueux de dire que cette conception spirite de l'Alzheimer est la vérité, mais elle pourrait l'être. Or le spiritisme est l'un des aspects de la spiritualité galopante de notre époque, et la sociologie n'est-elle pas "l'idéologie de notre époque... (devant) participer au/et du mystère de l'existence"?*28*

Notes :

*1*Farhat OTHMAN, Guérir l'Alzheimer ! Manifeste hors poncifs, L'Harmattan 2012.
*2*L'œuvre d'Erving Goffman reste bien évidemment incontournable en la matière, notamment : Stigmates. Les Usages sociaux du handicap, Paris, Minuit, 1977
*3*    « Le Horla » et autres nouvelles fantastiques, Guy de Maupassant. Édition Pocket, mai 1998.
*4*    Flammarion, Nouvelle bibliothèque scientifique, 1966, réédité en janvier 1992.
*5*    Gérontologue-psychiatre, le professeur Louis Ploton est auteur, entre autres de :  Ce que nous enseignent les malades d'Alzheimer : Sur la vie affective, la communication, l'institution... Chronique Sociale, janvier 2010; Maladie d'Alzheimer : A l'écoute d'un langage, Chronique Sociale, 3e édition, août 2004; La personne âgée , Son accompagnement médical et psychologique et la question de la démence, Chronique sociale, septembre 2003; et, sous sa direction, Accompagner la maladie d'Alzheimer : Les médiations de la réussite, Chronique sociale, août 2006.
*6*    Colloque EREMA/AFDHA Reims - 10 décembre 2009 : « Vivre par procuration »… Peut-on être représenté? Actes consultables sur : http://www.espace-ethique-alzheimer.org/bibliotheque_rte/pdf/dossiersthematiques/Colloque_EREMA-AFDHA_-_Vivre_par_procuration.pdf
*7*Au carrefour du médical, du psychologique, et du sociologique, les théories de Jean Maisondieu font la place belle à des notions comme l'effort constant de différenciation et/ou de désaliénation de l'autre, notre semblable dans un contexte poussant, consciemment ou inconsciemment, au déni de fraternité, rejetant l'autre dans l'anomalie, la maladie; ainsi que le retour du refoulé au travers de sentiments déguisés de soins médicaux, de compassion, de charité et l'imbrication étroite comme une dialectique psychiatrique du normal et du pathologique qui relèvent d'une même système de fonctionnement. Il est l'auteur, entre autres, de La fabrique des exclus, Bayard Editions, Paris, 1997, réédité, Bayard Culture, août 2010; Liberté, égalité... psychiatrie, Bayard Editions, Paris, 2000; Le crépuscule de la raison, la maladie d'Alzheimer en question, Centurion, 1989, réédité chez Bayard Editions, 2001 et L'idole et l'abject, Bayard Editions, 1995; L'idole et l'abject, Bayard Editions, 1995.
*8*    Sur la nocivité des médicaments, par exemple, cf. Le livre noir du médicament de Corinne Lalo et Patrick Solal, Plon, novembre 2011 où on lit : "Les autorités sanitaires deviennent parfois les colporteurs de maladies inventées de toutes pièces ou de pandémies imaginaires... en réalité, cette situation dure depuis toujours et ... elle fait partie de l’histoire même de notre médecine."
*9*    Si quelqu’un diagnostiqué avec la maladie d'Alzheimer « se conduit mal » et manifeste des symptômes neuropsychiatriques, comme l'agressivité et l'agitation, c’est qu’il a souvent reçu des médicaments antipsychotiques. Il s'avère maintenant que cette pratique peut être mortelle. La conclusion d'une étude de longue durée, juste publiée en ligne et dans l'édition de février de The Lancet Neurology, montre qu'il y a une forte hausse des risques d'effets secondaires graves et de mort chez les patients recevant ces médicaments. En plus, ils accélèrent la détérioration mentale. Cf. Natural News.com : Drugs Prescribed for Alzheimer's Disease Increase Mental Decline and Deaths by Sherry Baker, Health Sciences Editor Friday, January 16, 2009, http://www.naturalnews.com/025345.html
*10*Toute l'oeuvre de Michel Maffesoli est à placer sous le signe du sentiment et de l'émotion, marquant l’indéniable influence de Vilfredo Pareto, que revendique d'ailleurs Maffesoli, sur sa théorie de « culture des sentiments »; pour Pareto, en effet, « Les phénomènes sociaux sont principalement déterminés par les sentiments et les intérêts, et seulement d’une manière très secondaire par les raisonnements logiques et expérimentaux » comme le note Julien Freund dans Méthodologie et épistémologie comparées d’Emile Durkheim, Vilfredo Pareto et Max Weber, p. 292, in : Recherches Sociologiques, Vol V, 2, 1974, 282-309. Sur la question, voir par exemple les deux articles suivants de Maffesoli : “La Culture du sentiment, ou le devenir féminin de la pensée”, in Diplômées, revue de l’AFFDU-Currier, No 162, 1992, pp 161-165 et “La Culture du sentiment”, in Humanisme Paris Edimaf ISSN. 0018-7364, No 219, 1994 pp15-21tyjJ.
*11*    Au creux des apparences, Pour une éthique de l'esthétique, La Table Ronde, 2007. Pour Maffesoli,  "la culture du sentiment est donc la conséquence de l’attraction".
*12*    Peter J. Whitehouse with Daniel George : The Myth of Alzheimer's : What You Aren't Being Told About Today's Most Dreaded Diagnosos, St. Martin's Press, janvier 2008; traduit par et préfacé par Anne-Claude Juillerat Van der Linden et Martial Van der Linden sous le titre : Le Mythe de la maladie d'Alzheimer. Ce qu'on ne vous dit pas sur le diagnostic tant redoute.́ Traduit. Edition Solal, décembre 2009.
*13*    Voici ce que dit l'éditeur de la traduction française des auteurs : Peter J. Whitehouse est un des experts de la maladie d’Alzheimer les plus connus mondialement. Il est neurologue, avec un intérêt pour la gériatrie, les sciences cognitives et tout particulièrement la démence. Il a créé le Centre Alzheimer (devenu Centre Universitaire de la Mémoire et du Vieillissement) aux Hôpitaux Universitaires de Case Western Reserve University à Cleveland, dans l’Ohio, où il a été professeur de neurologie, de neurosciences, de psychiatrie, de psychologie, de comportement organisationnel, de bioéthique, de sciences cognitives, de soins infirmiers et d’histoire. Il a également une consultation clinique de neurologie gériatrique. Avec sa femme, Catherine, il a fondé l’Ecole Intergénérationnelle (« The Intergenerational School »), une école publique, internationalement reconnue, primée, et dont l’objectif est d’accroître le bien-être cognitif tout au long de la vie. Daniel George, Ph.D., a obtenu un doctorat en anthropologie médicale à l’Université d’Oxford en Angleterre. Il collabore aux recherches du Dr Whitehouse depuis 2004. Il est actuellement professeur adjoint à Penn State University.
    Les traducteurs sont aussi des spécialistes du domaine. En voici la présentation selon leur éditeur français : Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l’Université de Genève et neuropsychologue à la consultation mémoire des Hôpitaux Universitaires de Genève. Martial Van der Linden est professeur de psychopathologie et de neuropsychologie clinique aux Universités de Genève et de Liège.
*14*Voici la présentation par l'éditeur de la traduction française du livre : Le Professeur Peter Whitehouse va transformer la manière dont nous concevons la maladie d’Alzheimer. Dans ce livre provocant et révolutionnaire, lui et Daniel George remettent en question la conception classique des pertes de mémoire et du déclin cognitif, ainsi que les traitements actuels de la maladie d’Alzheimer, tout en proposant une nouvelle approche pour comprendre et repenser ce que nous croyions connaître sur le vieillissement cérébral. Le mythe de la maladie d’Alzheimer fournit des réponses aux questions que des millions de personnes ayant reçu le diagnostic de maladie d’Alzheimer – ainsi que leurs familles – sont impatientes de connaître :
    • La maladie d’Alzheimer est-elle une maladie ?
    • Quelle est la différence entre le vieillissement cérébral naturel et la maladie d’Alzheimer ?
    • Quelle est l’efficacité des médicaments actuels contre la maladie d’Alzheimer ?
    • Existe-t-il d’autres types d’interventions pouvant contribuer à maintenir la vivacité de nos esprits vieillissants ?
    • A quoi ressemblerait un monde sans maladie d’Alzheimer et comment pouvons-nous y aboutir ?
    Etayé par des données scientifiques, rempli de conseils et d’informations pratiques et pétri d’espoir, le mythe de la maladie d’Alzheimer nous libérera de cette étiquette écrasante, nous apprendra comment aborder au mieux les pertes de mémoire et nous expliquera comment différer certains des effets normaux du vieillissement.
*15*Ibid. Cf. également art. préc. de Philippe Lambert : La maladie d'Alzheimer : un mythe ?
*16*    Peter Whitehouse et Daniel George : Le Mythe de la maladie d'Alzheimer. Ce qu'on ne vous dit pas sur le diagnostic tant redoute, page 63.
*17*    Ainsi les auteurs intitulent-ils le chapitre 4 du livre : La naissance de l’empire de la maladie d’Alzheimer et, parlant des traitements anciens et actuels de la maladie, intitulent-il le chapitre 6 de la deuxième partie : En attendant Godot. De fait, ils soutiennent que « les traitements existants sont très peu efficaces et l’espoir d’un remède est basé sur un acte de foi et des extrapolations scientifiques non évaluées ».
*18*    Hachinski, V. (2008). Shifts in thinking about dementia. Journal of the American Medical Association, 12, 2172 – 2173. Fotuhi, M., Hachinski, V., & Whitehouse, P. (2009). Changing perspectives regarding late-life dementia. Nature Reviews Neurology, 5, 649-658. Kivipelto, M., & Solomon, A. (2009). Preventive neurology. On the way from knowldege to action. Neurology, 73, 168-169.
*19* Pour les auteurs, la complexité des phénomènes rend « absurde » la notion de trouble cognitif léger (mild cognitive impairment situé entre la démence et le vieillissement normal et pointent du doigt les multinationales pharmaceutiques et certains experts qui s’emploieraient à entretenir l’inquiétude et l’effroi pour alimenter le financement de leurs travaux, ce qui les amènent à agir pour une telle catégorisation d’états distincts du vieillissement normal du cerveau.
*20*Ainsi, dans l'École Intergénérationnelle créée à Cleveland par Peter Whitehouse et son épouse, les malades sont-ils invités à aider les enfants pour l'apprentissage de la lecture, par exemple.
*21*Vladimir Hachinski, du département des sciences neurologiques cliniques de l'Université de West Ontario, au Canada, dans l'article précité du numéro de novembre 2008 du Journal of the American Médical Association, soutient ainsi que le concept de démence est dépassé. Au reste, au Japon, le concept est d'ores et déjà banni du milieu médical.
*22*Ibid, page 148.
*23*    Tout autant dans la conception de ce mot, comme nom et adjectif, de fait évident, certain, que l'on ne peut nier, que de déclaration solennelle et publique, cet exposé théorique inaugurant un mouvement.
*24*    La part de la psychologie subconsciente est aujourd'hui de plus en plus grande et s'impose, encore plus qu'hier l'approche simple de l'inconscient, à la doctrine scientifique classique qui ne peut désormais plus ignorer l'importance de cet inconscient dans l'instinct, dans l'innéité psychologique, dans le psychisme latent, et en un mot dans le génie humain. 
*25*    Ce qui rappelle en l'amplifiant l'idée directrice déjà ancienne de Claude Bernard.
*26*    Dans un article paru dans Le Figaro le 28 décembre 2001 intitulé : L'Avènement du tragique, Michel Maffesoli écrit ainsi : « Il est de notre devoir de savoir penser l'impensable. Cela ne se fera pas en proférant les incantations rationalistes et que sont devenue devenues les "doxa" intellectuelles. À l'encontre du conformisme des opinions communes, penser le non-rationnel et loin d'être irrationnel. Bien au contraire. »
*27*Propos de M. Maffesoli dans la préface de La République des bons sentiments, intitulée : Le Courage de la vérité, où il dit exactement : « Il est sûr qu'en général l'on aime moins les vérités que la certitude. Ce qui est plus tranquillisant. »  
*28*M. Maffesoli, La connaissance ordinaire, Précis de sociologie compréhensive, Paris, Les méridiens, 1985, p. 66.