L'histoire vraie de la soi-disant maladie d'Alzheimer
La naissance du mythe
Nous avons déjà vu dans quelles circonstances la maladie d'Alzheimer est officiellement née. Nous allons voir maintenant dans quelles circonstances elle va devenir le mythe que nous dénonçons dans ce blog avec d'autres, dont surtout le professeur Whitehouse.
Rappelons, tout d'abord, que les circonstances telles que décrites de la naissance saugrenue de cette prétendue maladie confirment ce que disait le philosophe Thomas Kuhn dans The Structure of Scientific Revolutions sur le fait que les nouvelles théories scientifiques émergent souvent en raison de facteurs extrinsèques à la science.
Ainsi, il soutient à bon droit que "les transformations ne se produisent pas en dépit du fait que les scientifiques sont humains, mais parce qu'ils le sont". Et il va jusqu'à qualifier les manuels médicaux de "véhicules pédagogiques destinés à la perpétuation des théories scientifiques en vigueur". Ce qui est parfaitement exact dans le cas de la soi-disant maladie qui nous occupe.
Pour revenir à celle-ci, disons qu'au départ, soit plusieurs décennies après la publication du Manuel de psychiatrie de Kraepelin, son acte de naissance, on sembla ignorer une telle maladie dont le diagnostic demeurait obscur. On continuait à attribuer ses symptômes à la vieillesse et la communauté médicale ne reprenait pas l'étiquette de la maladie aux personnes âgées de soixante ans et plus.
Aussi, l'expression inventée par Kraepelin était-elle peu usitée sans toutefois disparaître du discours médical. C'est que l'attention se portait moins à la compréhension des mécanismes biologiques du vieillissement cérébral que plutôt au développement de méthodes biopsychosociales de nature à mieux aider les personnes vieillissant mal et leurs familles à faire face aux problèmes posés par le déclin cognitif prématuré.
On peut relever dans le cadre de ce combat pionnier, le psychiatre David Rothschild qui a dénoncé la "neuropathologisation" du vieillissement pointant ses effets néfastes sur la société. Ainsi, selon lui, une préoccupation trop exclusive concernant la pathologie cérébrale a entraîné une tendance à oublier que les changements se produisent chez des personnes vivantes, ayant un fonctionnement mental". Aussi, une appellation aussi réductionniste que celle de la maladie d'Alzheimer ne peut qu'aggraver la situation des personnes atteintes de troubles cognitifs.
Quant à la méthode biopsychosociale à laquelle il appelle, elle normalise le vieillissement cérébral, le considérant comme faisant intrinsèquement partie de la condition humaine. Aussi doit-on relativiser le substrat pathologique du vieillissement et ne plus se focaliser sur des processus tissulaires impersonnels, mais porter l'attention sur les influences plus personnelles en éléments bio-psycho-sociaux dans une prise en charge globale où chaque cas exige un examen individualisé et minutieux.