Aloïs, c'est qui ?


Aloïs réfère à cette expérience enrichissante d'un accompagnement de l'être cher frappé par la soi-disant maladie accolée à un nom célèbre.
À la faveur du vieillissement cérébral problématique, avec une culture des sentiments, bécothérapie et musicothérapie, l'on vit une expérience humaine inouïe.
Aloïs est ainsi le jumeau infernal de l'enfant joufflu, messager d'un infini amour insoupçonné...

Aux sources du mythe (1)

L'histoire vraie de la soi-disant maladie d'Alzheimer
Maladie d'Alzheimer ou de Kraepelin ?

Aloïs Alzheimer (4/6/1864-19/12/1915)
On parle de maladie d'Alzheimer alors qu'on devrait parler de la la maladie de Kraepelin !
En effet, c'est Emil Kraepelin, psychiatre éminent, d'envergure internationale, qui a inventé le terme de "Alzheimer-krankheit", soit maladie d'Alzheimer, en 1910 en y parlant pour la première fois dans son manuel de Psychiatrie qui faisait notoriété en la matière (p. 627 de la huitième édition). 
Certes, c'est bien Aloïs Alzheimer qui, dès le 26 novembre 1901, s'est intéressé à un cas particulier de démence dont il a rendu compte, pour la première fois, le 3 novembre 1906 dans une conférence à la 37e assemblée des aliénistes dans la ville universitaire de Tübingen, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Cette conférence, qui allait devenir célèbre, avait pour titre : "À propos d'un processus morbide pathologique grave et singulier du cortex cérébral". L'écho de cette conférence semble avoir été modeste, décevant même pour Alzheimer. Ainsi, La Chronique de Tübingen, rendant compte de la conférence, a juste noté : "Le Dr Alzheimer de Munich a fait un exposé sur un processus pathologique particulièrement grave, qui a causé un rétrécissement significatif des cellules nerveuses durant une période de quatre ans et demi".
Et bien qu'Alzheimer soit revenu sur la question, issue de ses observations sur une patiente appelée Auguste D., dans un rapport publié en 1907 intitulé "À propos d'une maladie particulière du cortex cérébral" qui a présenté officiellement le cas de démence présénile d'Auguste D., le milieu scientifique est resté sceptique quant à la possibilité de catégoriser le cas observé comme étant une maladie proprement dite.
Ce n'est donc qu'en 1910, après la prise de position de Kraepelin, que la maladie d'Alzheimer est née pour de bon. 
Or, les circonstances de sa naissance étaient bien particulières. On les détaillera dans les articles à venir, mais on citera, pour commencer, juste l'incipit de l'acte de naissance de la maladie, soit l'article dans le manuel de Kraepelin qui débutait ainsi : "L'interprétation clinique de la maladie d'Alzheimer est encore actuellement peu claire (sic !)"
Pourtant, malgré ce constat négatif, assez précis pourtant sur l'impossibilité scientifique de caractériser en maladie ce qui n'en relevait pas encore, l'éminent psychiatre continuait : " Alors que les résultats des explorations anatomiques suggèrent que nous avons affaire à une forme grave de démence sénile, le fait que la maladie débute de temps en temps dans la quarantaine n'est pas en faveur de cette hypothèse. dans de tels cas, on devrait au minimum supposer qu'il s'agit d'une démence présénile, à moins que nous ne soyons en fait confrontés à un processus pathologique particulier, en grande partie indépendant de l'âge."
Emil Kraepelin (1856-1926)
C'est de cette manière peu glorieuse que la maladie d'Akzheimer est née. On reviendra sur ses motivations extra-scientifiques et déontologiquement condamnables. On dira juste ici qu'Alzheimer, qui aurait été surpris par l'initiative de Kraepelin (son patron, en fait, comme on le précisera plus tard), ne partageait pas nécessairement sa façon de voir puisqu'il a écrit, dans un article publié par la Zeitschrift für die Gesamte Neurologie und Psychiatrie en 1911 ce qui suit : "Se pose la question de savoir si ces cas de maladie, que j'ai considérés comme particuliers, présentent toujours des traits caractéristiques, cliniques et histologiques, qui les distinguent de la démence sénile ou si ces traits doivent au contraire être attribués à la démence sénile en tant que telle."
Il a écrit aussi, ce qui laissait transparaître le jeu malsain auquel se serait adonné son patron : "Kraepelin considère toujours que le statut de ces cas n'est pas clair". 
Il est même allé jusqu'à affirmer clairement : " il n'y a donc aucune raison défendable de considérer que ces cas sont causés par un processus pathologique spécifique. ce sont des psychoses séniles, des formes atypiques de démence sénile. Néanmoins, elles occupent une place un peu à part, si bien que leur existence doit être connue."
Il est ainsi bien clair que le premier intéressé rechignait à voir une forme, certes particulière de démence, élevée à un statut de maladie distincte en l'absence de marqueurs biologiques caractéristiques.
Et pourtant, la maladie d'Alzheimer était née ! 
C'est que Kraepelin avait intérêt à la création d'une nouvelle catégorie.
On y reviendra...